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Le père Guérassime. — De nos jours on s’éloigne de l’Église… La fortune est-elle à lui ou à son épouse ?

Alina. — À lui. C’est là le malheur.

Le père Guérassime. — Quel grade avait-il dans l’armée ?

La Princesse. — Il n’avait pas un grade très élevé. Je crois qu’il a été capitaine.

Le père Guérassime. — On s’éloigne de l’Église. J’ai connu à Odessa une dame qui s’était passionnée pour le spiritisme. Elle commençait à faire beaucoup de mal. Mais Dieu l’a ramenée dans le sein de l’Église.

La Princesse. — La question est grave. Mon fils doit épouser sa fille. J’ai donné mon consentement. Mais la jeune fille est habituée au luxe et doit avoir son existence assurée. Il ne faut pas qu’elle soit une charge trop lourde pour mon fils, bien que ce soit un jeune homme travailleur et remarquable sous tous les rapports.

Nicolas, entrant avec Maria. — Bonjour, princesse ! Bonjour. (Au prêtre.) Excusez-moi, quel est votre nom ?

Le père Guérassime. — Ne désirez-vous pas que je vous donne ma bénédiction ?

Nicolas. — Non, je ne le désire pas.

Le père Guérassime. — Je m’appelle Guérassime Féodorovitch. Très heureux. (Un domestique sert une collation et du vin.) Le temps est agréable et favorable à la moisson.

Nicolas. — Je suppose que vous êtes venu sur l’invitation d’Alina Ivanovna pour me détourner de mes erreurs et me remettre dans la bonne voie. S’il en est ainsi, il est inutile de prendre des chemins détournés : mieux vaut aller droit aux faits. Je ne nie pas que je suis en désaccord avec l’enseignement de l’Église. Autrefois, je croyais en cet enseignement, et ensuite j’ai cessé de croire ; mais je ne demande qu’à suivre la vérité et je l’accepterai sur l’heure, si vous me la montrez.

Le père Guérassime. — Comment pouvez-vous