pouvons continuer à vivre comme nous vivons.
Maria. — Mais nous ne faisons de mal à personne.
Nicolas. — Vraiment ? Pense qu’on ne vit qu’une fois. Faut-il donc perdre cette vie unique ?
Maria. — Je n’ai pas le temps de réfléchir, de penser. Je dirige toute la maison et les Tcheremshanoff vont arriver.
Nicolas. — Nous finirons par nous mettre d’accord, n’est-ce pas ?
Maria. — Mais certainement. Si tu voulais seulement redevenir aussi gentil que tu l’étais autrefois.
Nicolas. — Ça, je ne pourrai pas. Mais, dis-moi…
(On entend le bruit d’une voiture qui approche.)
Maria. — Ah ! je n’ai pas le temps, il faut que j’aille au-devant d’eux.
(Nicolas, reste seul, et va de long en large, plongé dans des réflexions.)
Vania, au dehors. — Ne t’en va pas, Luba. La partie n’est pas finie.
Luba, au dehors, gaiement. — Elle est finie pour moi.
Alina, entrant. — Eh bien ? L’as-tu persuadée ?
Nicolas. — Ne raille pas. C’est si triste qu’elle ne comprenne pas dès aujourd’hui. Et si elle ne comprend pas demain ?… Qui sait… Nous avons si peu de temps…
Piotr, apparaissant bruyamment. — Ils sont arrivés ! J’ai hâte de les voir. Je ne l’ai pas revue depuis dix-huit ans. La dernière fois que nous nous sommes vus, nous avons chanté ensemble La ci da rem la mana…
Alina. — Allons, va vite. Cours la saluer.
Piotr. — Oh ! ne crois pas…
Alina. — Va, va !…
Alina, à Nicolas. — Tu as peut-être eu tort de choisir pour la convaincre le moment précis