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c’est affreux cela ! C’est le plus grand de tous les crimes, et c’est vous qui le commettez avec votre Église. Oh ! Pardonnez-moi.

Le Pope. — Mais, n’est-ce pas, il ne faut peut-être pas considérer l’enseignement du Christ de cette façon… rationnellement ?

Alina, rentrant. — Allez, mon père, il vous tournerait la tête. Ne l’écoutez pas.

Le Pope. — Il y a les saintes écritures. Il faut examiner les écritures. C’est un point essentiel, n’est-ce pas ? (Il sort.)

Alina. — Vraiment, Nicolas, tu n’as pas pitié de lui. C’est un enfant.

Nicolas. — Dois-je le laisser s’abrutir dans le mensonge ?

Alina. — Mais que deviendrait-il, si tu le persuadais ?

Nicolas. — S’il voit la vérité, ce sera très bon pour lui et pour tout le monde.

Alina. — Peut-être, mais il faudrait convaincre tout le monde, et tu ne convaincras personne. Ta femme elle-même est rebelle à ton enseignement.

Nicolas. — Elle te l’a dit ?

Alina. — Elle ne comprendra jamais qu’il faille s’intéresser aux étrangers et abandonner ses enfants.

Nicolas. — Elle comprendrait sans doute si elle ne subissait pas des influences étrangères.

Alina. — Tu es fâché contre moi. Tu n’as pas honte ? Comment veux-tu qu’une mère consente à dépouiller ses enfants au profit de paysans ivrognes ! C’est impossible, voyons !

Nicolas. — Eh bien, je vais essayer de la convaincre. J’y pensais en revenant de la ville. Ce que tu viens de me dire me décide et tu verras qu’elle sera d’accord avec moi, parce qu’elle est intelligente et bonne.

Alina. — Permets-moi de n’avoir pas confiance dans le résultat.

Nicolas. — Et toi aussi, tu comprendras.