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Vestiges antérieurs à l’an mille. — Ces vestiges construits en petit appareil ont fait partie, comme nous allons le démontrer, de la façade, des bas côtés et du transept d’une église très ancienne qui fut restaurée au xe siècle et à diverses reprises dans la suite. Cette église carolingienne était assez vaste, ayant été édifiée sans doute après la constitution définitive du monastère, lorsque les constructions de la modeste cella fondée par Hitier devinrent insuffisantes.

La charte de l’an 831 publiée par dom Bouquet et que nous avons citée, nous apprend que Fridégise, successeur d’Alcuin comme abbé de Saint-Martin de Tours et de Saint-Paul de Cormery, commença dans ce dernier monastère l’entière réfection de l’église : “Monasterii ecclesiam a novo opere inibi construi fecit”, dit cette charte. Suivant Raoul Monsnier qui, vers 1665, écrivit une histoire de l’église Saint-Martin dont il était chanoine, l’abbé Jacob, successeur de Fridégise, acheva ces travaux vers l’an 834.

Ce furent probablement ces constructions que dévastèrent les Normands environ vingt ans plus tard, comme semble l’attester une autre charte en date du mois de mai 856, suivant laquelle Audacher, alors abbé de Cormery, acceptant une donation faite par un personnage de Perrusson en Touraine, en laisse la jouissance aux frères du donateur, à la condition que ceux-ci “travaillent avec zèle à rebâtir, à restaurer et à agrandir l’église Saint-Paul de Cormery”[1]. L’abbé en agréant ces conditions se plaint “des anxiétés que la communauté souffre de la part d’un siècle plein de malice”.

Ces documents historiques, malgré leur précision et leur authenticité, ne peuvent évidemment nous faire admettre a priori que les vestiges en petit appareil qui nous occupent appartiennent aux constructions et restaurations dont il vient d’être question. Ils ne constituent, a notre avis, que d’utiles indications, car des maçonneries de cette nature peuvent, sans preuves plus tangibles, être tout aussi bien attribuées à la période du xie siècle pendant laquelle, dans notre région et dans d’autres, on employa ce genre d’appareil parallèlement avec le moyen appareil à gros joints. Nous allons donc discuter ce point important en suivant une méthode consistant, après avoir analysé leurs caractères physiques, à examiner le degré de liaison qui existe entre ces vestiges en petit appareil et ceux qui présentent les caractères très tranchés et très

  1. Cartulaire de Cormery, charte n° XX.