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sont voûtées en cul-de-four également brisé. Ces voûtes ont dû être construites à la même époque et appartiennent, croyons-nous, au second remaniement de l’église, c’est-à-dire à la deuxième moitié du xiie siècle, époque à laquelle on ajouta à la nef d’une église plus ancienne un transept, un clocher, un chœur et un chevet.

Ces berceaux brisés ont été parallèlement employés avec le plein cintre dans beaucoup de régions, principalement en Poitou, en Bourgogne, en Provence, etc.

La coupole surmontant le carré du transept (fig. 11) s’appuie sur le sommet de quatre grands arcs brisés, dont deux s’ouvrent sur les croisillons du transept, un autre sur le chœur et constituant l’arc triomphal, le quatrième sur la nef. Elle s’appuie sur quatre pendentifs sphériques. On remarquera que cette coupole est à seize pans, comme celle du clocher de l’église abbatiale. Elle marque le terme d’une évolution dont nous avons le point de départ à Tours dans la tour Charlemagne. La Touraine possède plusieurs autres spécimens de coupoles sur pendentifs sans nervures.

En élevant sa coupole, l’architecte du m* siècle a subi visiblement l’influence du clocher de l’ancienne église abbatiale, puisqu’il prit à ce dernier sa forme à seize pans, qu’on retrouve par exemple à Villandy, Monts, Savonnières, etc. dont la provenance, comme pour celle de Notre-Dame-de-Fougeray de Cormery, est à tort attribuée à l’influence de Fontevrault[1].

Indépendamment de ces coupoles à pendentifs distincts, nous rencontrons en Touraine un autre type représenté par des spécimens très anciens, comme par exemple à Preuilly. Ce type, à pendentifs non distincts selon l’expression de M. de Verneilh, présente le plus souvent sous son intrados des nervures qui lui servent à la fois de décoration et de supports. Ces arcs sont bandés diagonalement, du moins les deux principaux, comme dans la croisée d’ogive, ce qui les différencie de ceux de nos vieilles coupoles tourangelles de la première moitié du xie siècle, où les arcs sont perpendiculaires aux quatre faces du carré.

Ces voûtes sans pendentifs distincts, avec nervures se croisant diagonalement sous leur intrados, peuvent représenter dans notre région, comme en Anjou, la première étape de la coupole romane

  1. F. de Verneilh, Influences byzantines en Anjou, dans le Congrès archéologique de France, XXIXe session (1862-1863), p. 314.