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En observant attentivement la configuration de ces panneaux, on remarque son irrégularité provenant de restaurations postérieures faites à cette façade. La date de ces appareils variés ne peut remonter, à notre avis, qu’à la construction primitive de la tour, c’est-à-dire au second quart ou au milieu du xie siècle, parce que, s’ils avaient été ajoutés dans le cours du xiie, afin de rehausser la décoration de la façade, cette opération eût été évidemment faite avec symétrie et régularité. On ne peut non plus admettre que la portion de la tour Saint-Paul, contenant ces appareils variés, soit un reste du monument antérieur au xie siècle, puisque nous avons démontré que l’ensemble de ce clocher a été très visiblement appliqué dans le cours de ce siècle contre un édifice plus ancien.

L’usage de ces appareils décoratifs est très ancien en Touraine où nous le retrouvons fréquemment çà et là dans les plus vieux monuments de la région, tels que les églises d’Azay-le-Rideau (dépendance de l’abbaye de Cormery depuis le xe siècle), de Bourgueil, de Saint-Mexme de Chinon, de Cravant, etc. Quelquefois, mais à une époque plus reculée, la brique intervient dans cette décoration, comme par exemple dans une construction très ancienne remontant probablement à la période carolingienne et comprise autrefois parmi les dépendances immédiates de la basilique de Saint-Martin de Tours[1].

Enfin, pour terminer l’analyse des caractères de la tour Saint-Paul, remarquons encore sur sa face extérieure Nord la présence d’une arcature avec colonnettes, remplissant entre deux contreforts l’espace laissé libre après l’application faite vers la fin du xiiie siècle, sur cette face du clocher, du pignon du réfectoire.

Constatons l’existence d’une arcature analogue dans les restes de la basilique de Saint-Martin de Tours, au premier étage de la tour Charlemagne. Il devait en exister également une au second étage de la même tour ; le xiie siècle en altéra visiblement le caractère en la transformant en une longue arcature reposant sur de hautes colonnettes, disposition que l’on retrouve ailleurs, en Touraine, par exemple, à Beaulieu, près de Loches. Le troisième étage de la même tour a été tellement remanié vers le xive siècle que son examen, au point de vue qui nous occupe, est devenu impossible.

  1. Bulletin archéologique du comté, 1907, pl. XV.