Page:Les Écrits nouveaux, tome 1, numéro 2, 1er déc. 1917.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.


III

Je vous cherche, ondes noires, ondes silencieuses de la Mélancolie, pour retrouver dans vos eaux profondes les souvenirs de mon bonheur enseveli.

Ondes douloureuses, ondes solitaires, ondes orgueilleuses, enveloppez-moi de vos tristes diamants pour rendre à mon âme l’éclat de son passé, comme les ténèbres le rendent aux étoiles ternies.

Ondes enivrantes, ondes voluptueuses, ondes parfumées comme l’automne d’une belle à la sombre chevelure et aux nattes luisantes.

Ondes qui chantent et qui bercent comme les airs languissants des oiseaux, attardés sur les branches des arbres dépouillés.

Ondes tièdes, ondes inconnues, qui conduisent vers l’infini, comme les sentiers des pèlerins vers les routes sacrées du Paradis.

Ondes lourdes, ondes noires de la Mélancolie, je vous cherche, ondes désirées, pour trouver dans vos lacs immobiles de souvenirs les pâles espérances du Lointain.

Armène Ohanian.