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LES GUERRES CONTEMPORAINES

étrangers, les frais énormes d’un change désavantageux et extrêmement variable.

L’Autriche se trouvait dans une situation analogue. Nation vraiment à plaindre ! à peine sort-elle d’une crise et commence-t-elle à réparer les maux que la crise lui a causés, qu’elle se rejette volontairement dans une autre. En 1858, elle venait de supprimer le cours forcé qui lui avait été si funeste pendant dix ans, quand 1859 le rétablit. En 1866, elle remboursait les avances de la banque et l’on entrevoyait le moment où le cours forcé serait de nouveau supprimé, quand elle se jeta de son plein gré dans des aventures nouvelles. Elle était vouée par ses erreurs et ses fautes au papier-monnaie, aux surélévations continuelles d’impôts, à la désorganisation économique et à la stagnation industrielle.

Et la Prusse, si florissante et si forte, pendant six semaines la vie en elle fut suspendue ; dès le commencement de mai, 20,000 ouvriers à Berlin se trouvaient sans travail ; la guerre déclarée, ouvriers, professeurs, banquiers, laboureurs, commerçants furent enlevés à leurs affaires. Le gouvernement édicta, pour ainsi dire, un chômage universel de deux mois, dans toute la monarchie, pour cause de guerre. Pendant ce temps-là ateliers ou écoles furent fermés ou vides. Se figure-t-on cette nation pendant deux mois morte au travail et à l’étude ! Quel arrêt dans la civilisation ! Dans cette catastrophe publique que de catastrophes individuelles, obscures et igno-