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BIBLIOTHÈQUE DE LA PAIX

Freiherr von Moltke). En dix mois, dit le baron de Moltke, de mai 1828 à février 1829, l’armée russe dont l’effectif n’était pas de 100,000 hommes, compta dans les ambulances et les hôpitaux 210,108 cas de maladies, c’était donc en dix mois 2 cas de maladies par homme, tandis que pour l’armée française, en Crimée, pendant deux ans il n’y eut que 150 cas par 100 hommes. Le major de Moltke ajoute que pendant la première campagne seule, l’armée russe avait perdu la moitié de son effectif. En mai 1829, 1000 hommes par semaine entraient dans les hôpitaux ; en juillet, 40,000 hommes, près de la moitié de l’effectif était à l’hôpital : en cinq mois, de mars à juillet 1829, il y eut 28,746 morts de maladies : la mortalité augmenta pendant les mois suivants, et le major Moltke estime à 60,000 hommes le nombre des Russes morts de maladies pendant cette courte campagne, sur un effectif qui n’était pas de 100,000 hommes. Il ajoute que 15,000 combattants seulement purent repasser le Pruth, et que l’armée russe fut ainsi anéantie par les maladies. À défaut des chiffres précis qui nous manquent sur les pertes des Russes dans la guerre de 1853-56, nous avons cru devoir citer ces chiffres empruntés à l’un des ouvrages spéciaux les plus savants et les plus estimés de notre temps : ils serviront de point de comparaison, et justifieront le chiffre donné par le docteur Chenu. Ces pertes énormes sont habituelles aux armées russes ; celles de la campagne de Po-