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ces ruines qu’entasse le fléau de la guerre échappent à nos statistiques ; mais ce ne sont pas les moindres.


GUERRE DE CRIMÉE.


La guerre de Crimée est la plus meurtrière des guerres européennes dont la science ait, avec quelque précision, calculé les calamités.

Dans l’évaluation des pertes d’hommes, nous prendrons principalement pour guide le Rapport du docteur Chenu au conseil de santé des armées ; ce précieux document jouit du double mérite d’être officiel et d’être scientifique : il émane, en effet, du ministère de la guerre et il a obtenu de l’Académie des sciences le grand prix de statistique.

L’armée française eut à lutter contre trois grands dangers : le choléra, le feu de l’ennemi et le scorbut. Au mois de septembre 1854, notre armée n’avait pas encore vu l’ennemi, elle avait déjà perdu 8,084 hommes, pour la plupart du choléra (docteur Chenu, page 622). Pendant toute la durée de la campagne, les maladies firent quatre fois plus de victimes que le feu des Russes. Voici l’état exact des pertes de