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nyme et, dans une certaine mesure, cela pourra présenter des avantages. On en a des exemples dans les départements de l’Hérault et du Gard où la Société des Salins du Midi a créé et exploité près de Cette et près d’Aigues-Mortes de magnifiques vignobles, plantés dans les sables. La population du pays, qui, cependant, ne peut passer pour être d’habitudes d’esprit réactionnaires, n’éprouve aucune jalousie pour cette puissante Société terrienne, parce qu’elle se rend compte que c’est son intervention qui a transformé des plages arides en terrains produisant 1 500 à 1 800 francs de revenu brut à l’hectare, dont près de la moitié passe en rémunération de main-d’œuvre et un quart en achats d’engrais.


Grande propriété et petite propriété.


Mais est-ce à dire que cette grande propriété moderne doive supprimer la moyenne et la petite ? Non pas ! Il y a place pour toutes sur nos 53 millions d’hectares, dont la moitié, tout au moins, est encore cultivée d’une manière très défectueuse. Ici, nous reproduisons textuellement, pour l’édification de M. Jaurès, tout le passage de notre Traité Théorique et Pratique d’Économie politique qui a pour rubrique : La grande propriété ne supprime ni la petite, ni la moyenne[1].

« Il y a cette différence importante entre l’industrie et l’agriculture que, tandis que la grande industrie tend à éliminer la petite des branches de production où elle s’est établie, la grande propriété moderne et la petite propriété peuvent, au contraire, coexister, faire très bon ménage ensemble et se rendre de mutuels services.

« La grande propriété est très utile aux petits propriétaires qui l’entourent ; elle leur fournit de bonnes journées et leur permet de ne consacrer à la culture de leur champ que les

  1. Tome II, pages 12 et 13.