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L’ancienne grande propriété féodale ; reposant sur les majorats et les substitutions, confiée à des hommes qui, pour la plupart, ont peu de notions techniques, industrielles et scientifiques, ne remplit pas, dans un très grand nombre de cas, l’office que nous venons d’indiquer. Aussi, la suppression des majorats, des substitutions et de toute autre entrave au commerce de la terre, ainsi que des droits élevés sur les transactions immobilières, constitue-t-elle une des conditions essentielles de la bonne exploitation du sol.

« La grande propriété moderne est celle qui appartient à de riches agriculteurs de profession, pourvus d’instruction et d’ouverture d’esprit, comme on en rencontre un grand nombre dans nos progressifs départements du Nord et du Pas-de-Calais, entre autres, de la Gironde et de l’Hérault, de l’Aude et du Gard ; ou bien encore, c’est celle qui est acquise par d’habiles industriels, auxquels leurs manufactures ou leur commerce ont procuré de larges fortunes ou assurent de gros revenus. Le nombre de ces industriels soit en activité, soit retirés des affaires, qui se laissent séduire à l’appât de la propriété foncière et aux attraits d’une exploitation agricole devient de plus en plus considérable. C’est par cette catégorie de propriétaires surtout, ayant l’habitude de la précision, de la comptabilité, le sens de la hardiesse, la pratique des expériences et des essais, le goût des applications scientifiques, que la grande propriété moderne remplit sa fonction essentielle, l’une des plus importantes de la société. Rien ne la peut remplacer. Cette grande propriété moderne est comme l’hélice qui communique toute l’impulsion à la production agricole et la fait avancer. »

Certes, on peut concevoir que, à côté de la grande propriété individuelle, il se constitue aussi une grande propriété ano-