Page:Leroy-Beaulieu, Les citations de M. Jaurès, 1897.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Mode d’exploitation, fermage.


Arrivons à la seconde question, celle du mode d’exploitation et de tenure du sol. M. Jaurès nous fait dire que les fermiers doivent disparaître. Jamais nous n’avons tenu de pareils propos. Nous reproduisons ici textuellement les passages principaux de notre théorie du faire-valoir direct, du fermage et du métayage, telle qu’elle est contenue dans notre récent Traité Théorique et Pratique d’Économie politique[1]. Nous mettons en italiques, comme nous l’avons fait plus haut, les passages qui y sont dans notre Traité même.

« Le faire-valoir direct apparaît comme le mode le plus naturel de l’exploitation de la terre. Il est probable qu’il gagnera du terrain ; en tout cas, cela est désirable, quoique le métayage et le fermage se comprennent et se justifient dans un grand nombre de cas et que l’élimination complète de ces deux modes dût avoir de très grands inconvénients. »

Nous croyons à la disparition graduelle de l’ancienne propriété terrienne, considérée comme un placement dont on n’a pas besoin de s’occuper ; cette ancienne propriété, qui était celle de la classe élevée et moyenne, de la noblesse et de la haute bourgeoisie, habitant Paris ou les grandes villes et encaissant des fermages réguliers par l’intermédiaire d’un régisseur, peut être considérée comme appartenant au passé ; elle ne peut plus vivre ; elle n’a plus de raison d’être. On ne peut posséder une terre en Normandie, en Lorraine ou en Languedoc quand on habite Paris, quand on n’est pas à proximité de cette terre et qu’on ne s’en occupe pas. La terre en souffre et le propriétaire s’appauvrit. Aussi les classes élevées, la noblesse, la haute bourgeoisie qui ne résident pas, n’ont rien de mieux à faire que de vendre leurs terres. Celles-ci

  1. Tome II, pages 19 à 30.