Page:Leroy-Beaulieu, Essai sur la répartition des richesses, 1881.djvu/88

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fermier, non seulement l’intérêt et l’amortissement du capital engagé dans la terre, mais encore le droit d’exploiter « les facultés productives et impérissables du sol ». Prenons les termes mêmes de l’auteur de la théorie. « La rente est cette portion du produit de la terre que l’on paie au propriétaire « pour avoir le droit d’exploiter les facultés productives et impérissables du sol. Et développant cette pensée il ajoute : « On confond souvent la rente avec l’intérêt et le profit du capital… Il est évident qu’une portion de l’argent représente l’intérêt du capital consacré à amender le terrain, à ériger « les constructions nécessaires, et le reste est payé pour exploiter les propriétés naturelles et indestructibles du sol. C’est pourquoi quand je parlerai de rente dans la suite de cet ouvrage, je ne désignerai sous ce nom que ce que le fermier paie au propriétaire pour le droit d’exploiter les facultés primitives et indestructibles du sol. »

Ainsi « facultés productives et impérissables du sol », « propriétés naturelles et indestructibles du sol », « facultés primitives et indestructibles du sol », voilà les diverses expressions dont se sert Ricardo pour désigner des biens jadis communs, que la propriété a soustraits à la communauté, et pour la jouissance desquels la première, sans d’ailleurs aucun travail de sa part, se fait payer une redevance. Cette théorie et la démonstration qu’il en donne ont valu à Ricardo l’immortalité, et le renom d’une des plus fortes têtes scientifiques dont se puisse glorifier l’économie politique.

Les disciples sont quelquefois plus affirmatifs encore et plus compromettants que les maîtres. C’est ainsi que Mac-Culloch, avec son habituelle lucidité, présente à son tour la doctrine de Ricardo « Ce qu’on nomme proprement la rente, c’est la somme payée pour l’usage des forces naturelles et de la puissance inhérente au sol. Elle est entièrement distincte de la « somme payée à raison des constructions, clôtures, routes et autres améliorations foncières. La rente est toujours un monopole. »

De cette doctrine résulteraient des faits sociaux considérables