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prouver que c’était un sophisme. Dans l’impossibilité de rendre tous les habitants de nos grandes villes propriétaires de la terre qui les nourrit, sans supprimer la division du travail et les agglomérations humaines, on a imaginé ce que l’on a appelé « la jouissance idéale du domaine public ». Un article d’une circulaire d’une société australienne pour la réforme des lois terriennes (Land tenure reform League of Victoria) est ainsi formulé : « L’absence de tout impôt et la liberté absolue de toutes les industries feraient jouir tout habitant du pays, de sa part idéale du domaine public, qu’il en occupe ou non une partie[1] ». Que l’absence de tout impôt et la liberté absolue de toutes les industries soient de bonnes choses, c’est incontestable mais que l’on offre à l’homme, pour justifier le vieux dicton property and liberty, la jouissance d’une part idéale du domaine public, c’est une subtilité puérile. Ou l’on peut être libre sans être propriétaire foncier, ou la liberté a pour condition, non pas la jouissance d’une part idéale de propriété, mais bien une propriété réelle.

  1. Laveleye. De la propriété et de ses formes primitives, page 362.