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rence que la Classensteuer s’adresse seulement aux petits revenus, ceux au-dessous de 3,000 marks, ou 3,700 francs, tandis que l’Einkommensteuer grève uniquement les revenus au-dessus de ce dernier chiffre. Il y a bien aussi des divergences pour l’assiette et pour la quotité du droit entre ces deux taxes qui, en définitive, n’en forment qu’une mais ces divergences n’ont pour nous, en ce moment, aucun intérêt, puisque nous nous occupons non de la question fiscale, mais de la simple question économique de la répartition des richesses. L’impôt sur le revenu est, en principe, en Prusse de 3 p. 100 seulement, comme les revenus sont distribués par catégories, ainsi de 3,000 marks à 3,600, de 3,600 à 4,200, etc., et que pour chaque catégorie la taxe est uniforme, il en résulte que la plupart des contribuables paient un peu moins de 3 p. 100 qui est le taux maximum. Quant aux petits revenus, ceux entre 400 marks (500 francs) et 3,000 marks (3,750 francs), le droit varie pour eux de 1/2 à 2 1/2 p. 100. Au-dessous de 400 marks, il n’y a aucune taxe, un revenu inférieur étant considéré comme l’indigence. On sait que pour qu’un impôt sur le revenu soit tolérable, il faut qu’il soit excessivement modéré ni en Allemagne, ni en Angleterre, sauf dans des circonstances extraordinaires, cette taxe ne dépasse 3 p. 100.

Grâce à ces deux impôts et aux publications officielles dont ils sont l’objet, nous avons à différentes époques des tableaux approximativement exacts des revenus des différentes classes composant la population prussienne.

En 1853, dans la Prusse primitive, celle qui existait avant les annexions du dernier quart de siècle, on comptait 18 millions d’habitants environ. Sur ce nombre il n’y avait que 44, 407 personnes jouissant d’un revenu supérieur à 1,000 thalers ou à 3,750 francs et imposables par conséquent à l’Einkommensteuer. À ces 44,407 contribuables il faudrait joindre, il est vrai, les membres de leur famille, ce qui porterait à 176,000 environ sur 18 millions le nombre des personnes faisant alors partie de familles ayant plus de 3,750 francs de revenu. Si l’on peut appeler du nom pompeux de riches ceux qui ont un revenu de