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En 1837, le nombre des indigents secourus en France par les bureaux de bienfaisance était de 806,000 ; mais il n’existait alors que 6,715 bureaux. En 1860, il y avait 11,351 bureaux, soit près du double, le nombre des personnes qu’ils assistaient montait à 1,159,000, soit 40 p. 100 de plus qu’un quart de siècle auparavant. Ces 11,351 bureaux de bienfaisance comprenaient non seulement les villes, mais les communes rurales de quelque importance ; ils embrassaient les deux tiers, vraisemblablement, de la population française ; on sait en outre que le paupérisme est surtout concentré dans les villes ou dans les bourgs, qu’il est peu répandu dans les campagnes, dans les très-petites communes. En supposant qu’aux 1,159,000 personnes secourues par les bureaux de bienfaisance, il fallût ajouter 341,000 autres pour les localités qui étaient dépourvues de ces institutions, on fait une grande concession et l’on n’arrive encore qu’au chiffre de 1,500,000 indigents, à peine 1 sur 25 de la population.

Ces chiffres, il est vrai, et, tous ceux que l’on peut citer en cette matière n’ont pas malheureusement une exactitude rigoureuse ; nous les prenons comme approximatifs, ce qui suffit à notre raisonnement. Dans les grandes villes, cependant, à Paris surtout, les renseignements sont plus précis et, bien loin d’indiquer une recrudescence de l’indigence, ils témoignent qu’elle a diminué. On comptait en l’an X dans notre capitale 43,552 ménages indigents, comprenant 111,000 individus, sur une population totale de 547,000 habitants. Alors sans doute le mal était affreux, la plaie profonde, puisqu’il y avait un pauvre sur cinq personnes résidant à Paris. On sortait, il est vrai, de la crise révolutionnaire qui n’avait pu donner beaucoup d’activité a l’industrie, au commerce et aux travaux entrepris par les particuliers. Dix ans plus tard, en 1813, l’ordre était revenu, mais la conscription, la guerre, épuisaient le pays : la part de l’indigence était un peu plus faible, non pas de beaucoup ; on comptait à Paris un indigent sur 5.69 habitants. Depuis lors le progrès est notable et ne s’arrête pas : on constate successivement les rapports suivants du nombre des indigents avec la population