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cédentes levées par les diverses catégories de participants dans l’ensemble de la production nationale peuvent considérablement varier.

Ayant écarté les formules et les idées inflexibles des principaux économistes, examinons quelles sont les causes qui réellement influent sur les salaires. Elles sont très-diverses et très-nombreuses. L’une d’elles, mais non pas la seule, c’est le rapport des ouvriers en quête d’ouvrage avec la quantité de capitaux cherchant un emploi ; plus un pays est riche en capitaux, plus il y a de chances que les salaires y soient élevés. Quand capitaux croissent plus vite que la population, il y a de grandes les chances pour que la situation des ouvriers s’améliore ; il y a des chances pour que cette situation empire quand c’est, au contraire, la population qui croît plus vite que les capitaux.

Le mot de capitaux ne doit pas être pris ici dans une acception trop matérielle, et c’est une observation très-importante. Il ne s’agit pas de savoir seulement quelle est la quantité de machines et d’approvisionnements de toutes sortes ; sans s’être accrus physiquement, les capitaux peuvent être devenus plus féconds, si par exemple on a découvert de nouvelles méthodes de travail, des procédés plus rapides, plus économiques, plus perfectionnés. Si une machine fait cent tours à la minute, elle peut ne pas représenter un plus grand capital, c’est-à-dire une plus grande dépense d’établissement ou d’acquisition, qu’une machine antérieurement connue qui ne faisait que dix tours dans le même temps, mais elle a dix fois plus de fécondité. Ainsi, il ne s’agit pas seulement des capitaux de fer ou de pierre, mais bien de l’usage que l’humanité sait en tirer. C’est là une observation très importante, car une des conditions dont il faut tenir compte, c’est précisément la force productive de l’ouvrier : le développement de cette force, des connaissances techniques, des méthodes de travail, en augmentant la production, doit accroître les salaires de la même façon que si les capitaux matériels s’étaient accrus.

Il ne faut donc pas dire seulement : plus les capitaux augmentent relativement à la population, plus les salaires doivent