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des finances s’était singulièrement restreint[1]. Il en est de même des percepteurs et des receveurs municipaux. De 24,612 en 1814 ces fonctionnaires sont tombés au chiffre de 7,500 en 1877.

Les officiers ministériels ont vu aussi leurs rangs se resserrer, comme le montre le tableau suivant[2] :


Nombre
au 1er avril 1814.
Nombre
au 1er avril 1877.
Notaires 
12,220 10,051
Avoués 
 3,872 10,051
Huissiers et commissaires priseurs 
10,881  7,668


En même temps que leur nombre baissait, leur situation, sauf celle des notaires, ne s’améliorait pas. On sait les plaintes constantes des avoués, des huissiers, des greffiers relativement aux tarifs de leurs honoraires. Ces tarifs sont restés à peu près les mêmes qu’autrefois, et il y a peu de chance que l’autorité législative les relève dans de fortes proportions. Les avocats suivent plus ou moins le sort des tribunaux, et quoique leur profession soit encore singulièrement considérée, elle est infiniment moins lucrative que ne le suppose le vulgaire, et à part quelques douzaines d’hommes peut-être, certainement pas une centaine, dans un grand pays comme la France, auxquels la profession d’avocat rapporte de riches émoluments, le reste en tire à peine de quoi vivre d’une manière un peu large. Nous ne pensons pas exagérer en disant qu’il n’y a, sans doute, pas cinquante avocats en France qui gagnent 50,000 francs chaque année et peut-être pas cent qui en gagnent régulièrement 30,000[3]. On peut jeter les yeux autour de soi et l’on

  1. Il y avait à l’administration centrale du ministère des finances 4,562 employés en 1814, 2,982 en 1828, 2,435 en 1854 ; cependant les recouvrements et les paiements avaient presque triplé de la première date à la dernière (D’Audiffret, tome III, p. 58). Les traitements du personnel de l’administration centrale du ministère des finances étaient de 13,423,245 fr. en 1814, de 6,055,750 fr. en 1854 ils figurent pour 7,075,822 fr. au budget de 1879, ce qui représente une réduction notable par rapport au commencement de ce siècle, quoique tous les traitements inférieurs aient été accrus.
  2. Voir l’ouvrage de M. de Foville sur les Voies de communication, p. 435.
  3. Ces évaluations reposent sur un examen fort attentif de plusieurs cours d’appel. Chacune d’elles n’offre pas, en dehors de Paris, deux avocats gagnant 30, 000 fr. régulièrement ; à Paris il peut y avoir une cinquantaine d’avocats arrivant à ce chiffre ou le dépassant.