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On peut considérer comme appartenant au petit commerce les cinq dernières classes : dans la quatrième classe, en effet, la première de celles-ci, la moyenne de l’impôt en principal par contribuable n’est que de 55 francs ; il y aurait donc 1,190,000 petits commerçants en France, sans y comprendre les petits industriels qui figurent parmi les 222, 000 contribuables du tableau C, ni les ouvriers façonniers qui ne sont pas inscrits à la contribution des patentes. Le tout ensemble ferait un million et demi de personnes environ, le septième à peu près de la population des communes ayant plus de 2,000 âmes, le neuvième de la population non agricole de la France : c’est-à-dire que, en laissant de côté les cultivateurs, il y a environ un chef de famille sur trois ou quatre qui se trouve placé à la tête d’un commerce ou d’une industrie pour son propre compte. On voit combien tiennent de place à côté des ouvriers les petits patrons et les petits commerçants ; ils sont moitié, ou à peu près aussi nombreux que les premiers.

Malheureusement un examen plus attentif montre qu’une très forte partie de ces petits négociants sont simplement des débitants, c’est-à-dire qu’ils exercent un métier portant à la fainéantise, ne développant pas la moralité, donnant, d’ailleurs, de faibles gains. Si le chiffre des petits industriels et des petits commerçants se maintient en France, s’il augmente même, les cabarets en sont en partie la cause. Les industries soumises à la licence étaient représentées en 1868 par 423,000 individus, au lieu de 310,000 en 1830. En 1878 le nombre des personnes assujetties à une licence était en France de 487,931 mais certaines catégories nouvelles avaient été ajoutées depuis 1871, comme les fabricants de papier, de savon, de bougies ces additions ne portaient d’ailleurs que sur 3 ou 4, 000 personnes (Bulletin de statistique, 1879, tome II, p. 14) ; et d’autre part le nombre des débitants de boissons s’élève aujourd’hui à 350,000, au lieu de 300,000 il y a un demi-siècle.

Si cet accroissement des débitants est regrettable, parce qu’il ne rend aucun service réel, un examen minutieux des statistiques fiscales suggère des découvertes qui sont moins