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qu’on paye à Paris 100 francs, en moyenne, d’impôts municipaux par tête ; or, comme tout Français paye déjà près de 80 fr. d’impôts en moyenne à l’État, et qu’il faut encore y joindre les impôts départementaux, on arrive à une taxation moyenne de 200 francs par chaque Parisien, de 800 francs par famille de quatre personnes. C’est écrasant et inouï.

Ces impôts pèsent sur le loyer de l’ouvrier ils contribuent à le faire renchérir. Les taxes d’octroi fournissent, en effet, près des trois cinquièmes du revenu de la ville et contribuent à élever les salaires qui à leur tour par leur élévation font renchérir le prix des constructions.

Il y a plus encore parmi ces taxes d’octroi les plus funestes ne sont peut-être pas, comme on le croit généralement, celles qui grèvent le vin, si excessives qu’elles soient. Nous serions tenté de considérer comme plus préjudiciables encore les taxes sur les matériaux de construction, sur les fourrages, ainsi que les droits établis par la ville sur les entreprises de transports urbains. L’impôt sur les matériaux à l’octroi rapporte une dixaine de millions et fait considérablement renchérir le prix de revient des maisons. L’impôt sur les fourrages produit 4 millions chaque voiture de place paye, croyons-nous, un franc par jour et chaque voiture d’omnibus acquitte 1,500 francs par an de droit de stationnement, sans compter des droits accessoires. La ville de Paris tire 4,500,000 francs des taxes sur les voitures publiques.

Qu’en résulte-t-il ? C’est que les communications urbaines sont à Paris très défectueuses c’est à peine si elles ont commencé à s’améliorer par les tramways. Supposez que les transports ne fussent grevés d’aucune taxe[1], le nombre de voitures mises en service serait peut-être doublé le prix des places descendrait à 20 ou 25 centimes pour l’intérieur et à 10 centimes pour le dehors ; des abonnements pourraient être consentis à l’année. Les ouvriers pourraient faire une lieue et

  1. Si l’on ne veut pas abolir tous les impôts sur les transports, on devrait du moins supprimer absolument ceux sur les fourrages et réduire des trois quarts toutes les autres redevances imposées aux voitures publiques.