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situation s’est notablement améliorée elle reste encore cependant bien triste, et parfois lugubre. La question du logement de l’ouvrier et de l’employé est toujours l’une des plus graves qui puissent préoccuper le philanthrope et même le politique. Les maux que nous venons de rapidement constater ne sont pas propres à Paris ; ils y sont moindres même que dans les autres capitales, qu’à Londres et à Berlin notamment. Si la propriété urbaine a toujours augmenté de valeur, si les petits loyers ont toujours haussé, si la population nomade des garnis s’est toujours accrue, n’y a-t-il pas de remède à appliquer ? et dans le cas où la loi, l’État, les villes devraient s’abstenir de toute intervention, quelles sont les perspectives de l’avenir, quelle sera l’influence en cette matière du libre jeu des lois économiques ?

L’État et les municipalités ne doivent pas céder aux suggestions de M. Wagner, professeur à l’Université de Berlin, qui voudrait leur faire racheter la propriété urbaine. On a démontré plus haut tous les inconvénients de ce remède, qui serait pire que le mal. Si la liberté moderne et le gouvernement parlementaire n’aboutissaient qu’à mettre de plus en plus, et pour les détails les plus intimes de sa vie, l’individu dans la dépendance de l’État, à le soumettre à une réglementation de plus en plus minutieuse et à réduire peu à peu le champ de l’initiative privée, ce serait une triste issue d’une grande entreprise. La liberté se dévorerait elle-même en créant le monopole de l’État ou des municipalités dans tous les domaines importants de la vie sociale et industrielle.

Est-il bien certain, d’ailleurs, que la propriété urbaine doive toujours continuer à croître en valeur, au moins dans les proportions constatées jusqu’à ce jour ? Est-il certain que les loyers doivent hausser à l’avenir dans une mesure plus forte que l’amélioration même des logements ou que la hausse des salai-

    troisième groupe, des 4e, 7e, 10e, 3e et 16e arrondissements ; le quatrième groupe, des 6e, 2e, 1er, 9e et 8e arrondissements ; or, la mortalité pour chacun de ces quatre groupes était respectivement de 2, 94, 2, 62, 2, 37 et 1, 74 pour 100 habitants.