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devront être moins élevés, parce que le privilège de situation des immeubles du centre ou de certains quartiers sera moindre ;

3o  Le taux des loyers a un certain rapport avec les facilités dont jouit la population pour les transports des personnes dans l’intérieur et dans la banlieue des villes. Quand ces facilités sont faibles, les loyers doivent être très-élèves quand elles deviennent plus grandes, ils doivent diminuer ou du moins rester stationnaires ;

4o  Le taux des loyers est encore en rapport avec les charges spéciales qui grèvent les constructions, les matériaux. La ville de Paris recueille annuellement 8 à 10 millions de francs des droits d’octroi sur les matériaux. Si l’on construit en moyenne à Paris 1,200 ou 1,500 maisons par année, cette taxe représente 7 à 8,000 francs par maison, soit 5 à 6 p. 100 du prix moyen d’une maison parisienne[1] ; ce ne sont pas seulement les maisons nouvelles, mais, par voie de conséquence, les maisons anciennes qui se trouvent renchéries d’autant. Si l’on supprimait cette taxe, on faciliterait l’édification de maisons nouvelles, ce qui contribuerait à faire baisser tous les loyers ou à les empêcher de hausser ;

5o  Le taux des loyers subit l’influence de tous les impôts généraux qui portent sur la population ouvrière et qui renchérissent la main-d’œuvre. Les droits d’octroi qui font hausser les salaires ont pour conséquence directe de rendre tous les travaux plus chers, d’élever le coût des constructions nouvelles et, par voie d’analogie, des constructions anciennes. Il est intéressant d’examiner de près quelques-unes de ces cinq causes qui dans le passé ont tant contribué à la hausse des loyers et aux plus-values constantes de la propriété foncière urbaine. La croissance des villes est un phénomène universel et qui ne souffre que peu d’exceptions. Il y a des causes naturelles et des causes artificielles de l’augmentation des ag-

  1. On peut évaluer à 120 ou 130,000 francs la valeur moyenne des maisons de Paris. En effet, il y a à Paris 74,740 maisons rapportant brut 540 millions de francs, ce qui représente une valeur d’environ 9 milliards, soit de 121, 000 fr. par maison en moyenne. On peut dire, il est vrai, que la plupart des maisons récemment construites ont une valeur supérieure à la moyenne.