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même qu’elles ont du succès, c’est qu’en s’agrandissant, elles finissent par devenir de simples sociétés anonymes, ce qui est le cas de la plupart des anciennes associations coopératives devenues prospères. Elles arriveraient peut-être avec le temps à reconstituer les propriétés géantes, les qui sont la terreur des économistes et des démocrates. Cette issue, cependant, n’est pas bien à craindre pour ne pas être impossible, la société coopérative agricole demeurera, selon toutes les vraisemblances, un mode exceptionnel d’exploitation ou de propriété du sol. Il n’est pas probable qu’elle occupe jamais la plus grande partie d’un pays. La petite propriété couvrira toujours un champ beaucoup plus vaste.

Ce qui ressort de ce chapitre, c’est que la prédominance des latifundia en France n’est pas à craindre.

Il n’est pas impossible, cependant, qu’il se constitue à la longue dans notre pays un certain nombre de propriétés agricoles géantes appartenant à des sociétés anonymes. La baisse de l’intérêt des capitaux pourra porter vers l’agriculture les financiers la baisse de la rente de la terre contribuerait aussi à ce résultat. La supériorité qu’ont pour la culture du blé dans les plaines les machines perfectionnées donnerait évidemment des avantages à des sociétés de ce genre. Pour certains travaux comme les irrigations elles seraient aussi en de bonnes conditions. Nous avons été souvent surpris que des associations de capitalistes ne se soient pas constituées pour acheter dans les départements du Midi, comme le Gard et l’Hérault, les terres phylloxérées et les remettre en état. Plusieurs sociétés financières se livrent à la culture de la vigne en Algérie. Il est donc assez probable qu’à mesure que les autres placements rémunérateurs leur échapperont, les associations commerciales se sentiront un peu plus attirées vers la terre. Il pourra se créer ainsi des propriétés de quelques milliers d’hectares néanmoins nous croyons que ce régime restera toujours exceptionnel, dans un pays de culture intensive et variée comme le nôtre. Quand sur nos 52 millions d’hectares, 4 ou 5 millions se réuniraient ainsi sous le régime des latifundia, le mal ne serait