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et en faveur de la petite. Nous les avons déjà énumérés. Pour la première on fait valoir : 1° la supériorité des capitaux ; 2° la supériorité d’instruction ; 3° la meilleure distribution des tâches entre les ouvriers ; 4° la spécialité des labeurs de chacun de ceux-ci ; 5° l’économie des bâtiments ; 6° l’économie des attelages ; 7° l’emploi plus facile et plus productif des machines. Comme conséquence de ces avantages particuliers la grande culture pourrait élever plus de bestiaux, plus de moutons, produire plus d’engrais ; elle économiserait beaucoup de bras ; elle permettrait d’entretenir une population urbaine beaucoup plus considérable elle favoriserait ainsi beaucoup mieux l’industrie, le commerce et les professions libérales. On a déjà montré qu’il fallait beaucoup rabattre de ces avantages, qu’on ne les constatait guère que pour les céréales et l’élevage du bétail, non pour les produits variés, pour la vigne, pour le jardinage, pour l’arboriculture. Le Far West des États-Unis qui, sauf quelques districts, est un pays de moyenne et de petite culture, fait un très-grand usage des machines.

On connaît aussi les arguments pour la petite culture : 1° l’œil du maître est toujours présent, le zèle est plus grand ; 2° toute la famille travaille ; il y a une distribution naturelle des tâches entre l’homme fait, les adolescents, les enfants, les femmes elles-mêmes ; 3° la supériorité est incontestable pour les travaux minutieux, comme la culture potagère, l’arboriculture, la vigne ; 4° nous rangerons parmi les avantages de la petite propriété cette circonstance qu’elle est le mode qui concilie le mieux le maximum de revenu net avec le maximum de revenu brut. On a montré plus haut que parfois le propriétaire avait intérêt à sacrifier le revenu brut au revenu net c’est seulement le grand ou le moyen propriétaire qui peut agir ainsi, non le petit. Il n’est guère d’objection faite à la petite culture que ses défenseurs ne soient en état de victorieusement repousser.

La petite culture, par exemple, entretient tout autant de bétail que la grande. Les Flandres en sont la preuve. M. Passy donne aussi la démonstration de ce fait par la monographie d’une commune du Puy de Dôme : avant 1789 dix-sept fermes