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métropoles où se concentrent particulièrement toutes les productions qui demandent de l’art, de la science, de grandes avances de fonds ce sont en même temps ; des entrepôts, des magasins où les produits viennent se rassembler pour se distribuer ensuite sur toute la surface du globe. L’Angleterre proprement dite n’est qu’un Londres agrandi, une sorte de banlieue de la capitale. La Hollande, la Belgique, la France, se trouvent dans une situation analogue et chaque jour ce caractère s’accentuera davantage. Il est aussi impossible à une nation comme l’Angleterre, et il deviendra bientôt aussi impossible à une nation comme la France, de penser à se suffire complètement à elle-même, qu’il le serait à une grande ville d’attendre de sa seule banlieue ses approvisionnements de subsistances ou de matières premières.

Nous avons voulu dans ce chapitre étudier certaines des anomalies de. la propriété foncière elles sont beaucoup moins importantes quand on y regarde de près qu’elles ne le paraissent à première vue. L’antagonisme entre le maximum de revenu net et le maximum de revenu brut ne se rencontre guère que, dans quelques cas, pour les prairies ; au contraire, le parfait accord, le développement parallèle de l’un et de l’autre se réalisent pour le jardinage l’arboriculture, les cultures industrielles, et en général pour tous les produits raffinés.

Une autre conclusion qui ressort de ce chapitre c’est qu’on s’est trop pressé de sonner le glas de l’agriculture européenne. La concurrence américaine ne fera pas tomber nos terres en friche et ne dépeuplera pas nos campagnes. Elle réduira seulement, suivant toutes les vraisemblances, dans beaucoup de cas et dans une certaine mesure, la rente de la terre. Cette concurrence des pays neufs est ainsi l’un des éléments qui, avec plusieurs autres, doivent contribuer à amener dans le vieux monde une moindre inégalité des conditions.