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et de ce degré peuvent légitimement être espérées dans un temps prochain quand on sait que les bonnes terres, bien cultivées, rapportent de 35 à 50 hectolitres de blé à l’hectare.

Ces transformations de la culture et la diminution du produit brut sur les terres converties en prairies n’ont pas de nos jours les graves conséquences sociales qu’elles avaient autrefois. L’organisme de notre société est infiniment plus souple de nouvelles branches de travail s’offrent au manœuvre rural que la substitution des prairies aux labours prive parfois d’emploi.

Au seizième siècle, le remplacement du labourage par le pâturage dans des districts entiers de l’Angleterre passe pour avoir produit de grandes misères et avoir engendré le paupérisme auquel la loi des pauvres dût servir de remède inefficace. La grande industrie, le grand commerce n’existaient pas, en effet, à cette époque. Il n’y avait pas d’emplois nouveaux, extensibles, pour les malheureux tenanciers que l’on chassait de leurs champs le vagabondage, la mendicité et le maraudage étaient leurs seules ressources. Le régime de l’industrie du moyen âge reposait sur l’alliance et l’alternance des travaux de la culture et de l’industrie. La production domestique pour la consommation de famille était la règle la division des occupations et des professions n’existait qu’à l’état embryonnaire le commerce ou l’appareil de distribution des produits n’occupait que peu de bras. Dans cette situation l’ouvrier agricole, quand son champ était transformé en pâturage ; mourait de faim. Aujourd’hui les ateliers de la grande et de la petite industrie, le commerce des transports, les magasins de gros et de détail, les travaux publics recueillent avec empressement les ouvriers qui quittent la vie rurale. Les améliorations agricoles sont d’ailleurs, de leur nature, lentes et graduelles les ouvriers qu’elles laissent disponibles n’ont pas de peine à trouver des emplois aussi sûrs et plus rémunérateurs.

Nous avons raisonné ici dans l’hypothèse de la diminution du revenu brut des terres par la substitution de certaines cultures donnant un plus grand revenu net à d’autres qui fournissaient un revenu brut plus considérable mais qui rémunéraient