– Mais, ce soir ! car il faut que je vous dise, mon cher, j’attends l’assassin ce soir !
– Oh ! oh ! oh ! oh !… Vous attendez l’assassin ce soir… Vraiment, vraiment, vous attendez l’assassin ce soir… mais vous connaissez donc l’assassin ?
– Oh ! oh ! oh ! « Maintenant, il se peut que je le connaisse. » Je serais un fou d’affirmer catégoriquement que je le connais, car l’idée mathématique que j’ai de l’assassin donne des résultats si effrayants, si monstrueux, « que j’espère qu’il est encore possible que je me trompe ! Oh ! Je l’espère de toutes mes forces… »
– Comment, puisque vous ne connaissiez pas, il y a cinq minutes, l’assassin, pouvez-vous dire que vous attendez l’assassin ce soir ?
– « Parce que je sais qu’il doit venir. »
Rouletabille bourra une pipe, lentement, lentement et l’alluma.
Ceci me présageait un récit des plus captivants. À ce moment quelqu’un marcha dans le couloir, passant devant notre porte. Rouletabille écouta. Les pas s’éloignèrent.
« Est-ce que Frédéric Larsan est dans sa chambre ? fis-je, en montrant la cloison.
– Non, me répondit mon ami, il n’est pas là ; il a dû partir ce matin pour Paris ; il est toujours sur la piste de Darzac !… M. Darzac est parti lui aussi ce matin pour Paris. Tout cela se terminera très mal… Je prévois l’arrestation de M. Darzac