Page:Leroux - Le mystère de la chambre jaune, 1932, Partie 1.djvu/129

Cette page a été validée par deux contributeurs.
127
MAINTENANT IL VA FALLOIR…

Claquant la porte, l’aubergiste quitta la pièce. La mère Agenoux était toujours là debout, appuyée sur son bâton et le chat au bas de ses jupes.

« L’homme vert » lui demanda :

« Vous avez été malade, mère Agenoux, qu’on ne vous a pas vue depuis bientôt huit jours ?

– Oui, m’sieur le garde. Je ne me suis levée que trois fois pour aller prier sainte Geneviève, notre bonne patronne, et l’reste du temps, j’ai été étendue sur mon grabat. Il n’y a eu pour me soigner que la « Bête du bon Dieu ! »

– Elle ne vous a pas quittée ?

– Ni jour ni nuit.

– Vous en êtes sûre ?

– Comme du paradis.

– Alors, comment ça se fait-il, mère Agenoux, qu’on n’ait entendu que le cri de la « Bête du bon Dieu » toute la nuit du crime ? »

La mère Agenoux alla se planter face au garde, et frappa le plancher de son bâton :

« Je n’en sais rien de rien. Mais, voulez-vous que j’vous dise ? Il n’y a pas deux bêtes au monde qui ont ce cri-là… Eh bien, moi aussi, la nuit du crime, j’ai entendu, au dehors, le cri de la « Bête du bon Dieu » ; et pourtant elle était sur mes genoux, m’sieur le garde, et elle n’a pas miaulé une seule fois, je vous le jure. Je m’suis signée, quand j’ai entendu ça, comme si j’entendais l’diable ! »

Je regardais le garde pendant qu’il posait cette dernière question, et je me trompe fort si je n’ai