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V
A. BÉRANGER.

veaux progrès de la philosophie. Les clameurs vulgaires contre les novateurs ne l’auraient pas empêché de porter témoignage en leur faveur ; il n’aurait répudié aucune de ses sympathies, et il aurait chanté mon maître Saint-Simon.

Et lui aussi eût été novateur : les vrais poètes sont toujours prophètes. Il aurait cueilli par avance des fruits mystérieux au sommet de l’arbre de la science, invitant la philosophie à s’en saisir à son tour :

Humanité, règne ! voici ton âge,
Que nie en vain la voix des vieux échos.
Déjà les vents au bord le plus sauvage
De ta pensée ont semé quelques mots.
Paix au travail ! paix au sol qu’il féconde !
Que par l’amour les hommes soient unis ;
Plus prés des cieux qu’ils replacent le monde ;
Que Dieu nous dise : Enfants, je vous bénis !

Du genre humain saluons la famille !
Mais qu’ai-je dit ? pourquoi ce chant d’amour ?
Au feu des camps le glaive encor scintille ;
Dans l’ombre à peine on voit poindre le jour.
Des nations aujourd’hui la première,
France, ouvre-leur un plus large destin ;
Pour éveiller le monde à la lumière,
Dieu t’a dit : Brille, étoile du matin !

Je traite de l’humanité dans ce livre : nous avons le même culte. J’y prouve combien vos vers sont fondés et prophétiques. Car je détruis, par le raisonnement, les idées fantastiques qu’on s’est faites du ciel, et je cherche à montrer où est vraiment le ciel. Il faudra bien à la fin que les plus aveugles sachent où est la vraie religion, quand nous aurons prouvé (ce que pour ma part j’essaie de faire en ce livre) que Christianisme, Mosaïsme, toutes les religions positives, se résument en ce grand mot Humanité ! Il faudra bien alors que cette humanité règne, comme vous dites, et que vienne son âge. Place, place sur la terre à la famille du genre humain. La terre n’a