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les êtres extérieurs, nos semblables à différents degrés, indépendamment des manifestations de ce non-moi, qui varient et changent comme les nôtres, dans une harmonie éternelle. nous serons, nous nous retrouverons. mais avons-nous besoin, pour être et pour nous retrouver, de nous rappeler nos formes et nos existences antérieures ? Qu’on me dise d’où viennent ces sympathies qui unissent, dans la vie présente, ceux qui s’aiment, et qu’on m’explique ces liens invincibles qui nous entraînent vers certains êtres. Croit-on vraiment que ces sympathies n’aient pas leur racine dans des existences antérieures ? La mémoire n’est qu’un cachet fragile de la vie. Il se fait probablement dans le phénomène de la mort quelque chose de semblable à ce qui a lieu chaque jour dans le sommeil, que les poètes, les philosophes, et même le vulgaire, ont si souvent comparé à la mort, et appelé le frère de la mort. Dans le sommeil, nos idées, nos sensations, nos sentiments de la veille, se transforment et s’incarnent en nous, deviennent nous, par un phénomène analogue à celui de la digestion de notre nourriture, qui devient notre chair. Dans le sommeil, dis-je, nos perceptions s’élaborent au point de devenir une force potentielle de notre être, et en ce sens notre être lui-même. C’est ainsi que le sommeil nous régénère, et que nous sortons plus vivants et