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de Locke, une table rase ? peut-on sérieusement penser que leur existence date du jour par lequel nous marquons leur naissance ! Quoi ! Tandis que vous avez peine à concevoir et à admettre la génération spontanée du moindre animalcule, vous imaginez que cet être si intelligent que vous appelez un enfant a été subitement tiré du néant ; qu’il n’existait pas hier, qu’il n’avait jamais existé, et que néanmoins il a passé sans intermédiaire du néant à l’existence humaine ! Et les matérialistes s’imaginent que quelque modification dans une matière qu’ils qualifient par elle-même d’inerte, et à laquelle ils n’attribuent que des qualités physiques, comme ils disent, ont suffi pour faire passer du néant à l’existence un être, et non seulement un être, mais un homme, c’est-à-dire un être qu’ils placent eux-mêmes le premier de beaucoup dans la série animale ! En vérité, cela est trop absurde ! Les matérialistes, qui ont si fortement repoussé la création du néant, et qui lui ont opposé l’axiome ex nihilo nihil, ne s’aperçoivent pas qu’en niant la préexistence de l’être subjectif dans l’enfant, ils admettent la création du néant, et abandonnent leur axiome ex nihilo nihil. voilà un enfant, c’est-à-dire un être plein de facultés merveilleuses. Certes, je vois bien qu’il n’existe pas par lui-même, qu’on lui a transmis