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soient des anneaux bien distincts de la même existence. Ainsi la vie passée se reproduit dans l’être nouveau qu’on appelle enfant, en ce sens qu’elle y est virtuellement contenue. Mais elle n’y est pas manifestée ; elle n’y est pas mémoire. mais si elle n’y est pas à l’état de mémoire, va-t-on dire, il n’y a donc pas identité entre ces deux êtres dont le second ne se rappelle pas le premier. Je n’ai jamais compris, je l’avoue, comment on faisait consister notre identité dans la mémoire. c’est, à ce qu’il me semble, une grossière illusion. Est-ce que, dans un phénomène quelconque de notre vie, nous avons en même temps mémoire de tous les phénomènes antérieurs de notre vie ? Non, évidemment ; nous sommes alors occupés d’un certain objet, et notre vie antérieure nous échappe en ce moment. Il en est ainsi à tous les moments de notre existence, et la mémoire, comme je l’ai démontré ailleurs, ne fait pas exception à cette loi. La mémoire n’est autre chose qu’un fait passé de notre vie perçu par nous comme présent. Car la vie est toujours présente. Voilà, d’un côté, un vieillard de cent ans, de l’autre un enfant de quelques mois ou de quelques