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homme est l’humanité, et ainsi l’humanité existe d’une existence véritable. Ne la cherchez pas en elle-même comme un être, car vous ne la trouveriez pas ; ne la cherchez pas hors de nous. Mais elle existe pourtant, et si bien, que vous ne pouvez pas voir un homme sans la voir et sans en avoir une idée. Ce moi qui fait votre être, et que vous reconnaissez pour votre être, et que vous sentez durable même après la mort, ce moi, c’est l’humanité. Car ce moi n’existe pas sans un non-moi, et ce non-moi est l’humanité. Donc ce moi lui-même est l’humanité. Que l’homme donc se défasse de cet orgueil qui lui fait croire qu’il existe par lui-même indépendamment de l’humanité. Sans doute il existe par lui-même, puisqu’il est l’humanité, comme je le dis ; il existe en Dieu par lui-même en tant qu’humanité. Mais il n’existe par lui-même en Dieu qu’en tant qu’il est humanité ; ce qui revient précisément à ceci, qu’il n’existe pas par lui-même, mais uniquement par l’humanité. Les plus grossiers des hommes et les plus intelligents sont également portés, par des motifs différents, à cet orgueil qui les fait se considérer comme existants par eux-mêmes, indépendamment de l’humanité leur mère. L’ignorant, qui ne considère que ses sens, dit : "ces sens sont bien à moi ;