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de votre être. Vous êtes sorti homme du sein de Dieu, et vous embrassez virtuellement l’infini sous cet aspect. Donc l’être particulier homme n’est pas séparable de l’humanité ; et on peut dire, à l’instar de l’idée de Jordano Bruno : "quand je vois un homme, c’est l’humanité que je vois." et pourtant l’humanité n’est pas un être véritable. Quelle idée, en effet, s’en former à ce titre ? Additionner, comme je disais tout à l’heure, toutes les générations d’hommes les unes au bout des autres, toutes les races, tous les peuples, ne donnera qu’un chiffre, et ne donnera pas l’humanité. Considérer que les hommes agissent et réagissent les uns sur les autres, et par suite voir, dans ces générations qui s’ajoutent les unes aux autres, comme une sorte d’être abstrait qui croît et se développe, cela est vrai et juste ; mais pourtant où est l’être, l’être véritable ? D’être véritable, je ne vois que les hommes, les individus, les êtres particuliers ; je ne vois rien qui ait vie, sentiment, conscience, intelligence, responsabilité, dans cet être abstrait que conçoit mon esprit ! Qu’est-ce donc, encore une fois, que l’humanité ? Je dis que c’est l’homme. C’est l’homme-humanité ; c’est-à-dire, c’est l’homme, ou chaque homme, dans son développement infini, dans sa virtualité qui le rend capable