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On se fait ordinairement de ce qu’il faut entendre par l’humanité des idées fort légères et très-confuses. On appelle humanité l’ensemble des hommes qui ont paru ou qui paraîtront sur la terre, additionnés pour ainsi dire ensemble ; ou bien l’on s’élève jusqu’à concevoir par humanité une espèce d’être collectif, provenant du jeu et de l’influence réciproque de tous ces hommes les uns sur les autres. Il faut avoir de l’humanité une idée plus nette et plus profonde. L’humanité, c’est chaque homme dans son existence infinie. Nul homme n’existe indépendamment de l’humanité, et néanmoins l’humanité n’est pas un être véritable ; l’humanité, c’est l’homme, c’est-à-dire les hommes, c’est-à-dire des êtres particuliers et individuels. Je dis d’abord que nul homme n’existe indépendamment de l’humanité. En effet, vous est-il possible de vous faire l’idée d’un homme sans avoir en même temps l’idée de l’humanité ? Ne commencez-vous pas, au contraire, quand vous parlez d’un pareil être, et que vous voulez vous le représenter, par dire que c’est un homme. Et si vous voulez vous en faire une idée plus complète, après l’avoir défini par son espèce et avoir vu en lui l’humanité, ne le définissez-vous point par son pays et par le temps où il a vécu ? C’est-à-dire que, pour le comprendre, vous êtes obligé