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apparaît dans l’être particulier ; mais ce n’en est pas moins un être particulier qui est devant vous. Cet homme, c’est l’être en général ; mais pourtant c’est un homme, et c’est tel homme en particulier. Toutes les religions n’ont-elles pas enseigné que Dieu créa l’homme à son image ? Donc l’homme, et en général toutes les créatures, sont de nature divine, sont de Dieu. Dieu, ou l’être infini, ne peut créer qu’avec sa propre substance. Donc vous, comme Spinoza, comme Schelling et Hegel, qui sont venus à votre suite, avez raison de dire que dans cet homme vous voyez l’être, la substance, Dieu. Mais vous, et Spinoza, et Schelling, et Hegel, vous avez tort de dire pour cela que cet être soit Dieu. Il est Dieu en tant qu’il vient de Dieu, qu’il procède de Dieu ; mais il n’est pas Dieu pour cela. à l’exemple de Jordano Bruno, je dirais volontiers : "quand je vois un homme, c’est l’humanité que je vois ; " mais j’ajouterais : "et c’est pourtant un homme particulier." l’humanité est virtuellement dans chaque homme, mais il n’y a que des hommes particuliers qui aient une existence véritable au sein de l’être éternel. L’humanité est un être générique ou universel ; mais les universaux, comme on disait dans l’école, n’ont pas une existence véritable, si l’on entend par là une existence pareille en quelque chose à celle des êtres particuliers.