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L’erreur de la plupart des hommes jusqu’ici a été de confondre les deux ciel que nous venons de distinguer, et dont la distinction, à notre sens, est évidente. Ayant donc ainsi confondu ces deux ciel, ils ont cherché et mis dans le ciel absolu, dans le souverain ciel, dans le ciel éternel, dans l’infini en un mot, ou dans une vision complète de Dieu, le ciel de leur vie future, c’est-à-dire leur vie après la mort, leur vie qui suivrait celle-ci. De là sont résultés mille maux et mille erreurs. De là en effet est sorti un effroi terrible ou une extase insensée ; et de là aussi, pour ceux qui ont rejeté cette terreur de l’enfer ou cette espérance du paradis, la négation stérile et mortelle qu’on appelle athéisme. Tout le mal, dis-je, de la religion et de l’irréligion est venu de cette confusion. Si les hommes avaient compris la distinction des deux ciel, c’est-à-dire la distinction de Dieu et de leur propre nature, ils n’auraient eu ni ces espérances insensées ou ces craintes abominables de la superstition, ni cette mortelle désespérance de l’athéisme tout aussi funeste. S’ils avaient compris que le ciel absolu, éternel, infini, divin, le ciel de l’être suprême, était tellement différent du ciel de leur vie future, qu’ils n’avaient point à y prétendre, ils auraient par là même compris que ce ciel absolu, éternel, infini, ne leur était pas absolument refusé dès cette vie.