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l’humanité a succédé à l’animalité. L’homme, a dit Goethe, est un premier entretien de la nature et de Dieu. Si Dieu, après avoir fait émaner de son sein le monde et chaque créature, les abandonnait ensuite, et ne les conduisait pas de vie en vie, de progrès en progrès, jusqu’à un terme où elles fussent véritablement heureuses, Dieu serait injuste. S Paul a beau dire : "le pot demandera-t-il au potier : pourquoi m’as-tu fait ainsi ? " il y a une voix intérieure, partie sans doute de Dieu lui-même, qui nous dit que Dieu ne peut pas faire le mal, ni créer pour faire souffrir. Or, c’est ce qui arriverait certainement, si Dieu abandonnait ses créatures après une vie imparfaite et véritablement malheureuse. Mais si, au contraire, nous concevons le monde comme une série de vies successives pour chaque créature, nous comprenons très-bien comment Dieu, pour qui il n’y a ni temps ni espace, et qui voit le but final de toute chose, permet le mal et la souffrance comme des phases nécessaires par où les créatures doivent passer pour arriver à un état de bonheur que la créature ne voit pas, et dont par conséquent elle ne jouit pas en tant que créature, mais que Dieu voit, et dont par conséquent la créature jouit en lui virtuellement, parce qu’elle en jouira un jour. C’est donc sur Dieu même, ou sur le ciel