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Les uns auraient compris que la vie future, qui est l’objet qu’ils considèrent avant tout, est en germe dans la vie présente ; les autres, que la vie présente, à laquelle ils s’attachent surtout, n’existe que parce qu’elle contient en germe la vie future. Les uns et les autres, donc, n’auraient pas ôté à la vie présente l’infinité qui est en elle, pour créer, les uns une vie future imaginaire, les autres le néant. Mais la plupart des hommes n’ont pas plus compris la vie, qu’ils n’ont compris Dieu, l’auteur de la vie. Ayant mis Dieu, et par conséquent l’infini, hors de la nature et de la vie présente, il est sorti immédiatement de cette conception la conséquence nécessaire que la vie présente n’avait aucun rapport, aucun lien avec l’infini. La vie présente étant donc ainsi privée d’infini, et rejetée hors du sein de l’être infini, il en est résulté le dualisme de terre et de ciel pour les uns, de vie et de néant pour les autres ; les uns appelant ciel le futur, considéré comme essentiellement différent de la terre, les autres ne voyant que le néant pour succéder à la vie présente. Les choses ne sont pas ainsi. Dieu n’est pas hors du monde, car le monde n’est pas hors de Dieu : in Deo vivimus, et movemur, et sumus, dit admirablement S Paul. Et la terre n’est pas hors du ciel ; car le ciel, c’est-à-dire l’infini créé, espace ou