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Et les premiers, ayant ainsi mis le ciel en dehors de la nature et de la vie, ont nécessairement mis Dieu aussi en dehors de la nature et de la vie. Et, à leur tour, les seconds ont nié ce Dieu, et n’ont plus voulu reconnaître d’autre dieu que le hasard. Ainsi le monde s’est divisé en deux sectes également incomplètes : les uns sans présent, les autres sans avenir ; les uns hommes ou plutôt animaux de la terre, les autres anges du ciel ; les uns superstitieux, les autres athées. Et les uns et les autres sont arrivés, par cette double erreur, à séparer leur destinée de celle des autres hommes, de celle de l’humanité, et se sont ainsi mis en révolte véritable contre la providence et la volonté divine. Qu’importe, en effet, aux premiers l’humanité ? Que leur importe la suite de la vie présente ? Ne regardent-ils pas leur tâche comme terminée après ces quelques années d’existence qu’ils ont à passer sur la terre ? Le monde continuera d’être, la terre roulera encore dans son orbite, l’humanité subsistera : que leur importe ? Ils seront morts pour l’humanité, morts pour la terre, morts pour la vie qui se continuera, morts pour la nature. Ils seront nés au ciel, disent-ils ; donc ils seront morts pour l’humanité. Et quant aux autres, qui ne croient ni à la vie future, ni à Dieu, qui ne croient, quant à leur vie, qu’au quart d’heure présent, et dont l’espérance ne va pas plus loin que ces quelques