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Cette vie présente n’est pas seulement présente, elle est virtuellement éternelle. Si donc vous lui refusez ce caractère d’infinité et d’éternité qu’elle a en soi, vous lui retirez ce qu’elle a, pour implanter en elle le néant, et pour mettre en son sein ce qui n’y était pas, la mort. Elle était éternelle, vous la faites périssable. Elle n’avait de périssable que l’accident, vous la déclarez périssable dans son essence. Ce qu’elle avait de périssable n’était que du changement, de la transformation ; vous faites de ce changement et de cette transformation la mort. Car où est maintenant la suite de cette vie ? Dépouillée de cette infinité, de cette continuité éternelle, qui était en elle, la vie présente, n’étant plus l’être, est évidemment, comme je viens de le dire, le non-être, le néant, la mort. Tout homme, donc, qui croit à un ciel placé hors de la nature et de la vie, a dû dire, comme S Paul, et comme tous les saints du christianisme : "qui me délivrera du corps de cette mort ! " qu’est-il donc arrivé ? Les uns, emportés vers leur ciel imaginaire, ont délaissé la vie présente, et ont abandonné la terre à la fatalité. Ceux-ci n’ont plus eu de terre, c’est-à-dire de vie présente. Les autres, regardant ce ciel en dehors de la nature comme une pure folie, ont nié à leur tour d’une autre façon toute immortalité de la vie, toute suite à la vie présente. Et ceux-là, à leur tour, n’ont pas eu de ciel, c’est-à-dire de vie future.