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l’individu et de l’humanité ; et la manifestation de cette science, ou le gouvernement, a pour mission de réaliser ce principe. L’homme cesse d’être isolé, ou d’avoir une famille isolée, ou d’avoir une propriété isolée, ou d’avoir une cité isolée. Il est, il est par lui-même, il est à titre d’individu ; il possède, il a une famille, une cité, une propriété. Son moi se retrouve dans toutes ces choses ; et pourtant, ayant toutes ces choses, et vivant par conséquent dans l’ordre normal de la nature et de la vie, il n’en est pas moins en communion avec tous les autres hommes, recevant d’eux et leur donnant, les ayant tous pour objet et étant à tous leur objet, soit directement, soit indirectement. Il a, dis-je, cette possibilité de vivre dans la nature, c’est-à-dire dans l’égoïsme, et pourtant de vivre dans l’humanité ; car, connaissant sa loi, il réalise cette loi par la politique et le gouvernement. Dans le christianisme, c’était l’église, vivant hors de la nature, qui s’était chargée du soin d’organiser la charité. La société temporelle avait pour principe l’égoïsme. De là un dualisme qui a rempli l’histoire. Au contraire, avec le principe de la charité compris comme nous le comprenons, c’est-à-dire avec le principe de la solidarité mutuelle, la société temporelle est investie du soin d’organiser la charité, parce que la charité au fond