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relativement à nos semblables, la charité du christianisme était plutôt de la pitié, de la commisération, de la compassion, que de l’amitié ou, pour employer le terme général, de l’amour. Qu’étaient en effet les créatures pour le chrétien ? Elles n’étaient rien, et ne devaient être rien. Elles n’existaient que pour être un objet de charité en vue de Dieu. Le lien entre elles et nous n’étant que commandé, sans être démontré nécessaire, elles restaient hors de nous. Nous les aimions donc par devoir, et non par un sentiment direct de solidarité. Aussi l’égalité ne jouait aucun rôle dans cette charité, et la seule égalité qui y régnât était tout au plus l’égalité du néant, c’est-à-dire l’égalité de créatures également vaines devant Dieu. Est-il surprenant que les inférieurs dans l’humanité, les faibles, les pauvres, les affligés, aient fini eux-mêmes par rejeter une charité si imparfaite, une