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avec lui. Aimez donc Dieu ; mais ne prétendez pas l’aimer directement et pour ainsi dire face à face. Il est l’infini, et vous êtes le fini. Le fini ne peut communiquer directement avec l’infini. Le fini ne peut communiquer avec l’infini que par l’intermédiaire de la vie, laquelle renferme à la fois le fini et l’infini. Donc aimer Dieu vous ramène toujours, en dernière analyse, à la vie, qui comprend le fini, le moi et le non-moi, un sujet et un objet, de même qu’elle comprend aussi l’infini, c’est-à-dire une intervention de l’être universel par laquelle le moi et le non-moi, le sujet et l’objet, se distinguent tout en s’unissant. 3-enfin, vous ne voulez pas aimer véritablement vos semblables, puisque vous ne voulez réellement aimer que Dieu. Mais c’est encore ici la même chose que pour l’éloignement de vous-même. En cessant de vous aimer vous-même, je viens de prouver que vous cessiez de vivre, et qu’au lieu de vous tourner vers la vie, vous vous tourniez vers la mort, vers le néant. Le mal est plus grand encore dans cette négation d’un amour réel appliqué aux autres ; car non seulement vous vous anéantissez vous-même, mais vous anéantissez autant qu’il est en vous les autres. Vous êtes fait, dites-vous, pour Dieu uniquement : que vous importent donc vos semblables ! Vainement vous dites que vous n’aimerez, à la vérité, que Dieu,