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est en guerre avec tous les êtres, et même avec ses semblables. L’homme, néanmoins, a tellement besoin d’être en rapport pacifique avec d’autres êtres, qu’il ne se conçoit pas sans famille, sans patrie, sans propriété. Il faut, pour qu’il existe et qu’il se sente exister, qu’un certain nombre d’êtres soient groupés et harmonisés avec lui d’une certaine façon, de sorte que ce moi qui le constitue, s’incarnant pour ainsi dire dans ces êtres unis à lui, se retrouve toujours objectivement, et s’apparaisse, pour ainsi dire, à lui-même à tous les moments de l’existence. Propriété, famille, patrie, répondent, en effet, aux trois termes sensation, sentiment, connaissance, de la formule psychologique de l’homme. L’homme se manifeste à lui-même et aux autres dans cette triplicité, parce que sa nature est triple. La trinité de son âme, en prédominance de sensation, donne lieu à la propriété ; en prédominance de sentiment, à la famille ; en prédominance de connaissance, à la cité ou à l’état. Mais voyez ce qui résulte immédiatement de cette condition de l’homme qui lui fait une nécessité de la famille, de la patrie, de la propriété. Il a besoin de famille : mais dans la famille, il y a le père et l’enfant ; si le père est tyran, le fils est esclave. Ainsi la dualité du bien et du mal, de la paix et de la guerre, revient ici. Vainement l’homme, en guerre avec la nature et la société, voudrait se