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en cet être de raison, doit se retrouver la vérité que je cherche. La véritable nature de l’homme doit se peindre dans cet homme, quelque solitaire qu’on le fasse. Interrogeons donc les philosophes. Puisqu’ils en sont venus à se figurer ainsi l’homme, et à l’étudier ainsi, leurs réflexions ont dû avoir pour but de le connaître en cet état d’abstraction où ils l’avaient placé, et de le définir. C’est en effet à quoi a tendu et s’est constamment appliquée toute la philosophie moderne. Toute la philosophie moderne, depuis Descartes, ou du moins toute la métaphysique, a eu pour but d’étudier la nature même de l’esprit humain, et par conséquent de se faire une certaine idée et de donner une certaine définition de cet homme solitaire et individuel dont je veux aussi m’occuper à mon tour. Qu’a fait Descartes, je le demande, en se mettant lui-même en expérience, en se faisant abstrait et solitaire, en s’isolant de toute tradition, en s’isolant de l’univers entier ? Il a étudié l’homme en lui-même, l’être abstrait homme. Et qu’ont fait, après Descartes, les penseurs lancés par lui dans le problème psychologique, dans le problème de l’origine et de la certitude de nos idées ? Ils ont tous pris, comme lui, pour objet de leurs recherches, l’homme séparé de l’humanité. Locke n'