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des balles, ni des sabres circassiens, et ne cherchait que son heureux ponte.

Le sept est sorti ! lui cria-t-il en l’apercevant enfin sur la ligne des tirailleurs, qui commençaient à débusquer l’ennemi du bois ; et s’étant rapproché de lui, il tira sa bourse ; puis, malgré le combat et l’inopportunité du moment, il paya son adversaire. Après avoir rempli ce devoir désagréable, il se jeta en avant, entraînant derrière lui ses soldats et jusqu’à la fin de l’affaire, il fit le coup de feu contre les Circassiens, avec le plus grand sang-froid.

Lorsque le lieutenant Voulitch s’approcha de la table, tous se turent attendant de lui quelque originale sortie.

« Messieurs, dit-il : (sa voix était calme, quoique le ton en fût plus bas qu’à l’ordinaire), Messieurs, à quoi aboutissent ces vaines discussions ? Voulez-vous expérimenter la chose ? Je vous offre d’essayer sur moi. Un homme peut-il volontairement disposer de sa vie ? Ou le moment fatal est-il fixé d’avance pour chacun de nous ?… À qui plaît-il de l’expérimenter ?

— Pas à moi ! Pas à moi ? s’écria-t-on de tous côtés.