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çus l’ordre de l’autorité supérieure de partir pour la forteresse de N… et j’allai faire mes adieux à la princesse.

Elle fut étonnée lorsque, me demandant si j’avais quelque chose de particulièrement sérieux à lui dire, je lui répondis que je lui souhaitais d’être heureuse, etc…

— Mais moi j’ai besoin de causer sérieusement avec vous.

Je m’assis en silence.

Il était clair qu’elle ne savait par où commencer ; son visage était devenu livide et ses doigts enflés frappaient sur la table ; enfin elle commença ainsi, d’une voix entrecoupée :

Écoutez-moi, Monsieur Petchorin, je crois que vous êtes un honnête homme.

Je m’inclinai.

Même j’en suis convaincue, continua-t-elle, quoique votre conduite inspire quelques doutes. Mais vous pouvez avoir des motifs que je ne connais pas et vous devez maintenant me les confier. Vous avez protégé ma fille contre la calomnie, vous vous êtes battu à cause d’elle, et par conséquent vous avez risqué votre vie… Ne me répondez pas, je sais que vous ne l’avouez pas, parce que M. Groutchnitski a été tué