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— Pour rien au monde, avec cet affreux manteau ?…

— Comment, tu ne l’aimes déjà plus ? »

Je suis allé seul au boulevard et j’ai rencontré la princesse Marie ; je l’ai invitée pour la mazurka ; elle s’en est montrée fort étonnée et pleine de joie.

— Je croyais que vous ne dansiez que par nécessité absolue, comme la fois passée, m’a-t-elle dit avec un sourire charmant.

Il paraît qu’elle ne s’aperçoit pas du tout de l’absence de Groutchnitski.

— Vous serez très agréablement surprise, lui ai-je dit.

— De quoi ?

— C’est un secret !… que vous devinerez vous-même au bal. »

J’ai achevé la soirée chez les princesses ; il n’y avait personne que Viéra et un vieillard très amusant. J’étais en veine d’esprit et j’ai improvisé quelques histoires assez bonnes. La jeune princesse était assise devant moi et écoutait mes contes avec une attention si profonde, si vive et si tendre, que j’en étais étonné. Que sont devenus sa vivacité, sa co-